Quand les parents nous font de la peine

Quand les parents nous font de la peine
Wednesday 13 February 2008

Bonjour à tous,

Cela fait un petit moment déjà que je veux vous écrire, Alice et Brigitte, et je choisis de le faire maintenant, car je crois tout simplement que c’est le bon moment pour témoigner.
Le chemin est long, fût long, même si je n’en suis pas encore tout à fait au bout, mais en est-on au bout un jour ?
Enfin, tout dépend de quoi on parle, et j’ai souvent tendance à me disperser, donc revenons à ce qui m’amène plus précisément.
En parlant de chemin, je parle essentiellement de celui qui mène à la fin de la souffrance, à ce deuil dont on parle temps, ce deuil qui parait impossible et qui pourtant doit l’être si on veut un jour être autonome et vivre enfin sa vie.
Le plus dur est d’avoir à faire le deuil de personnes encore vivantes, et qui est d’autant plus dur que c’est celui de ses parents, de ces personnes sensées vous apporter amour et bienveillance.
Mais je crois qu’il y’a aussi un autre deuil à faire, celui d’une partie de l’enfant qui attend toujours de la reconnaissance, et qui ne viendra jamais pourtant.
C’est à force de ne plus refouler, d’essayer d’ouvrir les yeux, d’accepter l’inacceptable, de ne plus douter (c’est ça pour moi qui est peut-être le plus dur), de ressasser dans le bon sens du terme qui et quoi me fait souffrir, de lire, de vous lire, d’écouter, de parler, de pouvoir enfin mettre un nom sur les “choses”, que tout commence ainsi à devenir possible, que la vie s’avère être la plus forte au final.
Je ne vais pas raconter mon histoire dans le détail, car je l’ai déjà fait plusieurs fois sur des forums et dans la vraie vie, et je n’en éprouve plus le besoin.
Je dirais juste que j’ai eu des parents comme hélas tant d’autres, qui m’ont torturés psychologiquement, et je pèse mes mots.
Oh, il y’a bien eu aussi quelques gifles ou claques, que j’ai vécu très injustement, je m’en rappelle très bien.
J’en garde encore des traces de tout ça (névrose obsessionnelle et problèmes de peau), mais qui ont tendances à s’estomper au fil du temps et surtout depuis que j’ai pu évacuer ma colère et exprimer ma souffrance face à mes bourreaux, refoulées depuis toujours.
C’est clair que je me suis retrouvé dans “Notre corps ne ment jamais”, et que de lire “L’avenir du drame de l’enfant doué ” à été très révélateur pour moi. On ne se sent enfin plus seul, et surtout on se sent enfin compris.
Le seul souci, mais de taille, c’est que je suis aujourd’hui sous le même toit qu’eux suite à des difficultés de la vie assez contraignantes (rupture d’avec la mère de ma fille âgée d’un an, et perte de mon job pratiquement en même temps).
C’est sûr que j’espère ne pas rester bien longtemps chez mes géniteurs, mais le plus important était de me rendre compte dans ma tête ce que mes “parents” représentaient pour moi réellement, avec tout ce que cela comporte.
En effet, j’ai beau eu de plus vivre chez eux pendant une dizaine d’année environ (j’ai la trentaine bien tassée), ce n’est pas pour ça que j’avais résolu mes problèmes envers eux et dans ma vie. Je continuais de m’auto-détruire.
Le prix à payer est lourd, très lourd même, mais je crois que j’avais besoin quelque part de cette confrontation quotidienne pour ne plus douter de ce qu’ils m’ont fait, et de ce qu’ils continuent d’essayer de faire, sauf que je suis adulte, et que je me comporte en tant que tel. Je vois très clair dans leur jeux aujourd’hui, mais ça reste très difficile d’être à leur contact.
Même s’il faut se méfier des étiquettes, le fait de pouvoir mettre un nom sur les pathologies de mes parents à été extrêmement déculpabilisant.
Ma mère est perverse narcissique et mon père obsessionnel compulsif.
Cela m’a permit, en plus de commencer à déculpabiliser, de comprendre bien des choses sur leurs comportements passés et présents.
Mais c’est fou comme le conditionnement est tenace, et même devant l’évidence, j’en arrive encore quelquefois à minimiser leurs actes et à presque les prendre en pitié alors qu’ils m’ont volés plus de trente années de ma vie. Et eux, ils n’ont jamais eu pitié de moi en m’empêchant de vivre ma vie, en me donnant l’illusion que j’existais, en me coupant de mes besoins, et en refusant d’entendre ce que j’avais à leur dire. Lorsque j’ai exprimé il y’a peu de temps ma souffrance face à ce qu’ils m’ont fait subir, je n’ai eu qu’insultes et menaces (de mort) en retours !
Et encore, pour ma chère “moman”, c’est à moi de m’excuser… pour lui avoir dit la vérité, et qu’en plus de mon côté, en aucun cas je ne l’ai insulté !
Mais bon, je n’ai plus rien à voir avec ces gens-là, et il faudrait que mon cerveau arrive à l’imprimer une bonne fois pour toute.
J’en suis là.
J’ai vu que de l’autre côté de la porte, c’est merveilleux, mais je n’arrive toujours pas définitivement à en franchir le seuil.
Portez-vous bien, et merci pour ce que vous faites.

Réponse de Brigitte:

C’est sans doute plus difficile de sortir de la culpabilité de ne pas aimer ses parents destructeurs quand on a passé sa vie à vouloir leur venir en aide parce que leurs pathologies nous faisaient de la peine.
Vous auriez pu faire n’importe quoi pour tenter de les satisfaire rien n’aurait pu marcher, ils étaient tellement chargés de haine envers leurs propres parents, vous étiez juste leur bouc émissaire qui déclenchait leur rage. Quand vous sentirez réellement combien vous avez souffert auprès d’eux, petit à petit l’empathie qui vous reste à leur égard disparaîtra totalement pour faire place “au merveilleux” que vous entrevoyez derrière votre porte. Bonne continuation, BO