Mon histoire d’enfant maltraitée qui a développé la SEP
Friday 02 September 2005
Bonjour Madame Miller,
Je suis à lire votre dernier livre et je le trouve plein de vérités!
Je suis née au Québec. Ma mère m’a battue jusqu’à l’âge de la puberté. Mon père l’ignorait et je n’avais pas le droit d’en parler à personne car j’en aurais subie les conséquences.
J’ai maintenant 52 ans. Depuis que j’ai 4 ou 5 ans que je sais que ce n’est pas la façon d’élever un enfant. J’ai eu 3 filles que je me suis abstenue de battre. Je les ai aimées en espérant être aimer en retour, comme vous le dites dans votre livre.
J’ai choisi des partenaires de vie qui continuaient le rôle de bourreau de ma mère et moi je tournais dans celui de victime. À l’adolescence de mes filles, je ne savais pas comment interagir avec elles et elles sont devenues mes bourreaux. Entre-temps j’avais divorcer de leur père. Divorce qui a pris 18½ à régler!… Aujourd’hui, seule ma plus vieille a une relation saine avec moi.
La SEP s’est manifesté lors de mon retour aux études à 34 ans avec 3 enfants. J’avais peur d’échouer, peur de manquer d’argent, peur de ne pas réussir mon cours, j’ai obtenu avec une belle mention mon bac. en informatique de gestion mais, j’étais rendue malade etc…
J’ai fini mon cours, je suis aujourd’hui analyste. Je travaille encore malgré l’handicap à temps plein.
J’ai lu beaucoup, j’ai fais beaucoup d’ateliers de croissance personnelle, j’ai consulté des spécialistes et comme vous le dites dans votre livre, personne ne veut entendre les mauvais traitements qu’un enfant a reçu.
C’est en 1988, j’avais 35 ans, lors que je me suis fait donner un massage par un orthothérapeute, que j’ai pu reconnecter avec les mémoires des coups que mon corps avaient reçus. Dès la 1ière rencontre, il a vu comment mon corps portait encore les marques invisibles pour moi, mais très visibles pour lui, des coups de bâtons que ma hanche droite avait emmagasinés. J’étais étonnée et surprise. Je n’ai pas nier mais je lui ai permis de me révéler à moi-même. Le massage corporel fut la plus douce thérapie et la plus efficace que je me suis autorisée. Je me fais encore masser aujourd’hui par le même type et il a pu observer la libération du corps au fur et à mesure que je me permettais d’haïr cette mère, puis de lui pardonner et enfin me libérer de mon obligation de m’en occuper. Plus je deviens consciente de qui je suis, mieux je me sens. Aussi, en 1988, j’ai fait une première poussée de SEP, je l’ignorais… mon médecin ostéopathe m’a prescrit la lecture de votre livre :«Le drame de l’enfant doué». Ce fut le début de mon introspection et d’un travail conscient mais que je faisais seule. Personne ne pouvait m’accompagner dans ce que je vivais, c’était trop gros… J’ai cheminé seule dans ce sentier jusqu’au jour où en 2001, j’ai rencontré Madame Jeannine de La Fontaine, qui a fondé un centre pour aider gratuitement les personnes aux prises avec le cancer ou une maladie dégénérative. J’ai appris à faire des associations conscientes de mon présent et mon passé, à voir comment mes choix étaient teintés de ce lourd baggage enfoui et à m’en libérer à force d’en parler. Je prendrai ma retraite dans 2 ans et j’irai l’aider, c’est tellement important se dire et se raconter sans être jugé.
J’ai décidé que la SEP ne m’invaliderait pas, que je l’utiliserait comme un tremplin pour me libérer et devenir adulte. Ma soeur a été diagnostiquée 2 mois après moi en 1992. Elle a un an de moins et est complètement invalide, alitée et elle souhaite la mort. Elle a cherché un coupable et aucun des médecins ou thérapeutes rencontrés n’a pu l’aider.
Je commence à me libérer de ce rôle de victime. Je reconnais maintenant mes agresseurs et je me défends. Je suis devenue la mère et la protrectrice de cette petite fille qui a tellement manqué d’amour et de reconnaissance.
Tanôt, à la page 80, de votre dernier livre j’ai découvert votre site et l’invitaion à vous écrire. J’ai repoussé l’idée au début puis, 3 pages plus loin, j’ai déposé le livre et je vous écris un bref résumé de mon histoire. Il y aurait tellement à écrire…
Vous pouvez utiliser mon histoire. Je choisis le surnom de Jabo.
J’oubliais un détail important, la situation a commencé à changer après avoir consciemment accepté mon état de personne handicapée. J’ai demandé de l’aide pour faire adapter mon véhicule, l’interféron que je prenais depuis plus de 7 ans m’intoxiquais, je me suis retrouvée en fauteuil roulant et j’ai débuté un traitement de chimio, Mitoxantrone. Je viens de recevoir mon 11ième traitement, l’avant-dernier. Je suis en arrêt de travail, le temps que mon corps absorbe ces nouvelles molécules. J’ai découvert votre dernier volume via internet, le jour de mon anniversaire le 15 août. Je l’ai réservé le jour même. La lecture m’aide beaucoup à comprendre mes choix.
Jabo.