Enfant rebelle

Enfant rebelle
Monday 30 October 2006

Chère Madame Miller,
Nous, simples humains qui souffront parfois de malaises psychologies et autres avons de la chance d’avoir votre enthousiasme et votre amour de la vérité à propos de nos éducations et cultures, d’abord avec vos livres (que j’ai tous lus), et maintenant avec votre disponibilité via Internet. Etant peu doué dans cette technologie, je viens seulement maintenant d’y découvrir votre adresse E’mail. Incité à vous écrire après y avoir aussi lu votre courrier avec un thérapeute hésitant à accepter une dame de 83 ans (alors que j’en ai 76), je me risque, un peu en désespoir de cause, à vous envoyer ce message, en espérant que vous voudrez bien y répondre.

Dès mes 45/50 ans, alors que je dirigeais une petite entreprise, j’ai eu des périodes dépressives qui m’ont forcé à l’abandonner.
Ma carrière commerciale et mon caractère étaient dus à ma soumission aux dictats de mes parents (mère nerveuse, père très autoritaire), avec cette éducation que vous nommez “pédagogie noire” empreinte de peur, de menaces d’abandon, de coups et de rejets, notamment en pensionnat de religieuses dévotes et sévères dès mes deux ans.

J’avais aussi été un enfant non désiré, dont ils ont tenté d’avorter, puis étant né sans vie (mort-né?), je n’aurais été sauvé qu’in extremis par un docteur. (Mon peu de goût pour la vie , et ma dépression actuelle, plus forte que jamais, viendraient-ils de là?).
Depuis 20 ans, j’ai suivi une longue psychanalyse qui m’a fait “comprendre” des choses, ainsi que d’autres thérapies (An.transact., EMDR,Hypnose, Rebirth,etc..) et ateliers créatifs, à mon avis sans avoir levé le fond des refoulements, sans émotions particulières.
Je pense n’avoir hélas jamais trouvé le “témoin lucide” que vous préconisez, et ne sais plus à qui m’adreser pour le trouver (j’habite au sud-est de Bruxelles, au début du Brabant wallon). On me dit que je dois tourner la page, et apprendre à voir le positif,etc.. Je n’y arrive pas et commence à me demander si mon cas n’est pas désespéré, et si je ne suis pas dans un jeu d'”Enfant rebelle” et méfiant qui ne veut pas bouger et voudrait démontrer que les thérapies et les antidépresseurs ne sont pas ce qu’il me faut, etc.

Je ne pense pas que vous pourriez me donner l’adresse d’un(e) thérapeute idéal(e), mais je serais honoré d’avoir votre avis. Je vous en remercie vivement d’avance, m’excuse de la longueur de mon message, et vous adresse mes meilleures salutations. R.H

AM: Vous écrivez: Je n’y arrive pas et commence à me demander si mon cas n’est pas désespéré, et si je ne suis pas dans un jeu “d’enfant rebelle” et méfiant qui ne veut pas bouger et voudrait démontrer que les thérapies et les antidépresseurs ne sont pas ce qu’il me faut, etc. Si vous êtes enfin devenu l’enfant rebelle vous avez la chance de vous libérer de la dépression et des illusions sur votre bonne enfance qui vous ont rendu malade pendant 76 ans. Si vous comprenez l’anglais, lisez ma réponse d’aujourd’hui à la dame de 41 ans. Sur mon site (au sommet des Articles) vous trouverez la liste FAQ ( les questions que l’on pose souvent) qui vous guidera dans vos recherches pour trouver un thérapeute qui n’a pas peur de voir que les parents détruisent souvent la vie de leurs enfants. Bonne chance et bon courage!!!

Réponse de Brigitte:

Effectivement, non seulement tout notre entourage préconise de “tourner la page”, mais en plus beaucoup de thérapeutes tiennent aussi ce discours insensé. C’est normal que vous n’y arriviez pas, ce n’est pas une anomalie de votre part mais c’est antinomique aux fonctions de notre corps. Quant il y a eu des souffrances, c’est notre corps tout entier qui nous demande de les prendre au sérieux et de les considérer.
En voulant “tourner la page”, le corps s’en défend et s’y oppose en déclenchant des symptômes, jusqu’à des maladies graves, c’est pourquoi votre réaction est tout à fait saine et signe de bonne santé si vous ne vous résignez pas.
Bonne continuation, BO