Puis-je croire ce que je rêve ?
Sunday 20 September 2009
Bonjour Alice, bonjour Brigitte,
Voilà 5 jours maintenant que j’ai découvert ce site. Et même si ça ne fait que 5 jours, je peux vous le dire : vous m’avez sauvé la vie…
J’étais au prise avec une dépression qui m’handicapait dans ma vie, m’empêchait de voir qui j’étais vraiment, d’agir et d’aimer… Depuis la lecture de ce site, j’ai enfin libéré toute la colère, l’angoisse et la haine qui m’habitaient, je me sens plus libre, plus moi, plus énergique. Je n’ai pas fini bien sûr, mais c’est déjà une lueur d’espoir incroyable pour moi..
J’ai tout fait je crois pour tenter de me débarrasser de cette dépression. Elle a débuté à 18 ans, moment où j’ai quitté le foyer parental, là où je recevais tant d’insultes, de coups, d’interdits… Je pensais que j’étais enfin libre, la vie s’offrait à moi, mais très vite j’ai sombré dans l’alcool, les drogues, l’anorexie sans bien comprendre pourquoi ça arrivait juste à ce moment là, alors que j’aurai dû être bien. J’ai commencé à nier cette maladie que je m’infligeais, mais c’était pire encore. Alors je suis allée voir un médecin qui m’a prescris des anti-dépresseurs, qui m’ont plus ravagée l’esprit qu’autre chose (je n’étais plus moi-même). Et ensuite bien sûr je suis allée voir un psychiatre pensant que ça pourrait m’aider. Non seulement elle me coupait la parole toutes les 5 minutes m’empêchant de parler, mais elle a eu cette phrase malheureuse qui m’a fait arrêter immédiatement ma thérapie : “il ne faut pas en vouloir à vos parents, ils ont fait de leur mieux, vous êtes bien trop sensible aux évènements extérieurs, vos malheurs sont là parce que vous n’avez pas confiance en vous”. Inutile de vous dire toute la révolte et la colère qui sont apparues en moi à ce moment-là…
J’ai continué ma vie en me débattant contre moi-même, en essayant tant bien que mal d’avancer.. J’avais juste l’impression que personne ne me comprendrait jamais. Je restais seule dans ma tête avec toutes les horreurs de mon enfance, sans savoir quoi faire avec ni comment réagir…
Bref. Tout ça pour en venir à mon problème.
Beaucoup de maladies psychosomatiques me poursuivent depuis mes 18 ans : lumbagos, problèmes tels que vaginismes, cystites, migraines, et reflux intestinaux. Je me pose beaucoup de questions en particuliers sur mes reflux. A la lecture du site, ils étaient très présents (plus que d’habitude) et très douloureux. Puis en voyant les lettres, je me suis rappelée certaines choses… J’ai déjà rêvé à plusieurs reprises que mon père me violait… Je me suis toujours dit que c’était le symbole des oppressions que j’avais reçues (négation de ma féminité, coups quand je voulais mettre une simple robe, insultes à connotations sexuelles, phrases telles que “tu n’es bonne à rien tu finiras sur le trottoir”….). Mais j’y ai repensé de plus en plus, j’ai fait le lien avec les premiers moments de ma vie amoureuse (hommes brutaux sexuellement), et j’ai fini par me dire : “ça s’est peut-être passé”. Et là, mes reflux ont disparu depuis hier…
Mais je n’arrive pas à l’admettre totalement. Déjà parce que je ne m’en souviens plus (alors que j’ai de très bons souvenirs de ma petite enfance), ensuite parce que mon père est révolté par les scènes de viols dans les films (ce qui ne l’empêche pas de les regarder avec une lueur d’intérêt dans les yeux ceci dit…), et enfin parce qu’il me cloitrait souvent à la maison et m’empêchait de voir des hommes en me disant “tu risques de te faire violer”…
Qu’en pensez-vous ? Rien qu’à l’idée d’y penser, des douleurs au bas-ventre apparaissent et les larmes me viennent… J’aimerais tant me tromper…
Merci de m’avoir lue, et merci pour vos travaux.
Réponse de Brigitte :
Vous êtes exceptionnelle par la façon que vous avez d’absorber si rapidement et comme une évidence, les travaux d’Alice Miller. Ce qui fait votre force c’est que vous ne niez pas ce que vous avez enduré auprès de vos parents méprisants et que vous avez fui les antidépresseurs et surtout les propos totalement ABBERANTS du psychiatre.
En prenant au sérieux le récit de vos rêves, vous constatez que vos symptômes disparaissent, n’est ce pas là une PREUVE suffisante pour CROIRE que cet homme aux attitudes suspectes ait pu faire ça !! Il est tout à fait compréhensible que vous ayez du mal à l’admettre, c’est toutes les douleurs de la petite fille meurtrie par les crimes de son père qui surgissent à présent et il vous faudra du temps pour accepter que cette tragédie s’est vraiment passée pour vous libérer enfin de tout ce qui vous empêchait de vivre comme vous le souhaitiez. Bravo pour votre persévérance et votre lucidité. BO