La manipulation dans la thérapie

La manipulation dans la thérapie
Wednesday 23 July 2008

Madame,

J’ai lu 3 de vos ouvrages « Libres de savoir : ouvrir les yeux sur notre propre histoire », « Notre corps ne ment jamais » et « Ta vie sauvée enfin » où vous mettez en avant l’importance de mettre en lumière son passé et de ne pas être dans le déni.
Je n’ai pas été une enfant violentée physiquement (du moins très rarement) en revanche j’ai subi les maltraitances verbales de mon père, j’ai assisté aux relations houleuses et parfois malsaines des couples autour de moi (parents,gds parents…).A 22 ans j’ai commencé une thérapie avec une psychologue avec laquelle j’ai fais beaucoup de chemin. Ces 5 années avec des séances plus ou moins espacées ont permis de faire le jour sur mes comportements et les personnalités de ma famille. Mes amis attestent tous que j’ai énormément changé (plus d’aggressivité, moins emportée, plus agréable, généreuse et posée) mais voilà je n’ai pu « sauver » l’histoire d’amour que je vivais pendant cette période (elle a duré 4 ans et demi) car nous avions des
rapports trop conflictuels, dû en grande partie à cause de mes problèmes personnels. Nous nous sommes séparés en février 2006 mais 4 mois après cette rupture je suis entrée en dépression, cela a duré 18 mois par vagues plus ou moins fortes. J’ai fais durant cette période une intoxication medicamenteuse volontaire et j’ai pensé plusieurs fois à mettre fin à mes jours.

Pourtant je n’ai pas été dans le déni de mon passé, je n’ai pas fermé les yeux sur mon vécu ni ma famille, j’ai pris les choses en main pour soigner mes blessures …Je n’ai et ne pardonne pas spécialement à mon père son comportement, je n’en veux pas à ma mère de s’être suicidée…
Mais j’ai tellement de chagrin, tellement de culpabilité, tellement de regrets d’être passé à côté de mon ex-compagnon, de ne pas avoir été prête à temps, je progressais doucement pendant toutes ces années mais j’avais encore tellement de colère et de tristesse que je faisais rejaillir sur lui…
J’aimerais tellement revenir quelques années en arrière en sachant ce que je sais maintenant et en étant ce que je suis devenue…Aucun homme ne m’intéresse depuis ma séparation il y a 2 ans et demi, je perds foi en l’avenir, je continue à vivre mais la vie me semble devenue sans saveur…
Mon ex-compagnon n’a pas voulu recommencer quoi que ce soit (je l’avais relancé par mail et téléphone 6 mois puis un an après notre rupture) et je ne l’ai plus jamais revu.
Maintenant l’ensemble de mes amis font leurs vies (mariage, premier bébé…) et sont de moins en moins disponibles, ma famille de sang est quasiment inexistante, pas très saine et loin géographiquement…je me retrouve assez esseulée les soirs et week-end avec mes angoisses de solitude, mes regrets du passé et cette lancinante question : a quoi bon ouvrir les yeux et avoir fait tout ce travail personnel ? Pourquoi la vie continue à être injuste avec moi ?
(oui je sais que je suis encore jeune mais la plupart de mes amis qui ont eu des passés moins difficiles ont la chance de construire leurs propres familles, d’avoir des soutiens de leurs parents et/ou conjoints que je n’ai pas…)

Merci pour le temps que vous prendrez à lire ce message et éventuellement à me répondre.

Réponse de Brigitte:

Vous dites que vous n’avez été que très rarement violentée physiquement par votre père, que vous ne lui pardonnez pas « spécialement » ce qu’il vous a fait endurer et que vous n’en voulez pas à votre mère de s’être suicidée.

Quand vous cesserez de protéger vos parents en minimisant et en édulcorant leurs mauvais traitements qui ont endommagé votre intégrité, alors vous pourrez sentir la rage tout à fait justifiée qui vous permettra sans aucun doute de vous sentir libre dans une nouvelle relation amoureuse.

La grande dépression de votre mère qui l’a amenée à se suicider a dû beaucoup peser sur votre tête car il est très difficile de vivre l’insouciance de son enfance et de son adolescence auprès de la souffrance d’une mère et vous avez toutes les raisons d’être en colère d’avoir été privée de votre énergie de vie à ce moment là.

Vous semblez avoir la volonté de connaître les raisons de votre désarroi et vous méritez de trouver un thérapeute qui n’a pas peur de s’indigner des mauvais traitements que vous avez subis jadis y compris l’isolement dans lequel votre mère vous a probablement enfermé pour ne pas lui en rajouter.

Si en lisant ces trois ouvrages, vous n’avez pas saisi l’importance de sentir la rage pour sortir de la dépendance des parents qui vous ont abîmée, c’est que votre thérapeute protège les parents et vous a poussée à rester dans le déni de votre passé. Peut être qu’en lisant « C’est pour ton bien », vous comprendrez mieux les travers de la pédagogie noire. BO