Le courage de se libérer

Le courage de se libérer
Tuesday 23 September 2008

Chère Alice Miller

Je vous écris parce que j’ai le sentiment que vous êtes la seule à ma
connaissance à qui je puisse parler et m’entretenir d’une douleur qui
m’était jusqu’à lors indicible. En effet la raison de mes peines
quotidiennes proviennent du fait que je ne parviens pas à exprimer mes
sentiments parce que l’on ne m’a jamais autorisé à les exprimer ce qui
de fait n’a pas facilité les choses lorsque j’ai commencé à les
découvrir. Encore faut-il quelqu’un de sincères et prêt à écouter ce
que je ressens profondément. Mon malaise a pour source mon silence.
Tout les jours je suis toujours souriant, aimable, disponible… bref le
« gentleman parfait » mais tout cela n’est que façade. Dès l’enfance
j’ai appris à me taire, à être obéissant et ceci de manière aveugle
puisque « ma mère m’aimait ». Il me semble qu’à ces yeux je n’étais
qu’une machine à réussir et à lui procurer du plaisir, au sens aussi
bien qu’au figurer. Je pourrais très bien vous raconter les détails
scabreux dont j’ai été victime mais je n’en vois pas l’utilité. Ce
serait vous parlez de violence dont vous connaissez certainement les
pratiques et que les journaux raffolent mais qui finalement ne disent
pas la violence déchire en lambeaux l’âme de ceux qui comme moi ont
été victime de telles atrocités. Car derrières les coups, les
attouchement sexuelles se cachent quelque chose de bien plus violent ;
la banalité de celle-ci. Peut être vous demandez comment ai-je pus
tenir dans cet « enfer » ? Je pense que la réponse est simple, elle
tient en une phrase de Nietzche « ce qui ne vous tue pas vous rend
plus fort ». A l’époque où je lus ces quelques mots dans l’œuvre de
cet auteur naissait un sentiment de révolte, de colère…Les effets ne
tardèrent pas à ce faire sentir : un an plus tard je me débarrasser de
celui qui m’avait embrigader dans un groupuscule pseudo religieux…
encore un an après je partis à l’université et décidais à la fin de
l’année de ne plus revenir chez ma mère. Elle fit tout son possible
pour me faire revenir sur ma décision. Pendant cette période
j’éprouvais une haine féroce que je ne retournais contre ma mère mais
plutôt contre ceux qui étaient mes amis. Cela précisément que ma mère
abhorrait le plus. Que dire de la suite qui est navrante mais qui sur
le moment était dramatique. Prenant conscience de la gravité de
vouloir tuer mes amis je décidais de contacter les urgences ne sachant
quoi faire et étant perdu ne sachant quoi faire. Moi à qui on attribué
la suprême qualité d’être intelligent je retrouvai seul mais pour la
première fois je sentais un sentiment de bien être ; j’exprimais mes
sentiments…La suite n’a nul besoin d’être raconter ; ma mère qui me
tyranniser était considérer comme ma sauveuse puisque elle me rendait
visite après « le mal que je lui avais fait ». En l’an 2006 je pris
mon indépendance avec le soutien d’un ami. Quelques temps je me mis
à lire vos ouvrages sous ces conseils avisés et qui me permettent d’y voir
un peu plus clair et d’envisager l’avenir sereinement parce je n’ai plus peur
d’exprimer mes sentiments.

Bien à vous. Je vous remercie de prendre un peu de temps pour me lire.

AM: Heureusement, vous avez compris ce qui vous a rendu malade et vous avez le courage de vivre avec la vérité. Cette vérité va vous protéger désormais de la douleur terrible dont vous avez souffert uniquement pour protéger votre mère. Maintenant c’est VOUS qui serez protégé par VOUS-MEME et par votre sagesse. Félicitations!