Discerner le parent intériorisé
Saturday 27 September 2008
Bonjour Brigitte,
J’ai envie de parler aujourd’hui.
Je souffre de ne jamais avoir été écoutée, je souffre de ne jamais avoir été crue et même simplement soupçonnée d’avoir raison.
Je souffre d’avoir dû me plier à elle, ma mère, pour lui donner tout ce qu’elle voulait et surtout toutes les manipulations avec mon comportement et mon sourire pour tenter de limiter la casse : les mots qui tuent et les culpabilités incessantes qui risquaient de me retomber encore plus violemment si je ne faisais pas autrement que d’afficher un sourire, le plus beau et le plus grand et surtout… le moins naturel qui soit. ça me fait mal aujourd’hui de réaliser ça. Ce sourire que j’ai continué d’afficher toutes ces années n’était qu’un leurre aussi bien vis à vis d’elle que vis à vis de moi. j’ai cru que ça me protègeait. Vous vous rendez compte jusqu’où encore j’ai dû aller pour me débarrasser de ses horreurs verbales et ses menaces annonçant les coups du soir ou d’après par mon père au vu de « ce que j’avais fait » qui en fait, était permanent? je m’en rends compte.
J’ai d’abord retrouvé il y a peu cette ambiance permanente qui planait chez moi, petite, en tout cas, chez eux, ces maudits parents qui n’en sont pas vraiment.
Puis tout se précise, de plus en plus et je me rappelle que quoi que je faisais, comme jouer ou dessiner quelque chose sur la table était mal en soi. Je le sais car quand mon ami m’a appelé hier alors que je jouais à l’ordinateur, j’ai ressenti la culpabilité qui allait me frapper au visage, aux oreilles et au coeur, mon prénom qu’il annonçait m’a replongé dans cette situation d’enfant où, en train de dessiner, ma mère arrive (alors qu’elle s’occupait jamais de moi!) et me dit « Maryse… » sur un ton culpabilisant. Tout s’arrête en moi, mon coeur palpite et s’accélère, tout devient brûlant en moi et j’ai peur, très peur…que va t il se passer? qu’a t elle découvert de si horrible sur moi qui va me plonger encore dans une période qui ne va plus en finir de mauvaise fille où elle ne me parlera plus mais me méprisera avec sa bouche et ses yeux? où son air me fera deviner qu’elle va en parler, encore et toujours, comme d’habitude, à mon père qui va se lâcher sur moi en m’insultant et me frappant, en disant : « tu sais bien qu’elle est bonne à rien celle là ». à ce moment là, j’ai cru qu’il voulait la convaincre, c’était son combat perpétuel : « ta fille est nulle » mais j’ai réalisé ces jours ci que c’était à deux qu’ils me rabaissaient et parler sur moi en cachette avec ma mère et par devant, ma mère faisait comme si elle avait rien dit, elle assumait pas (vis à vis de son image narcissique, pas vis à de moi) sauf les fois où elle était en furie et lâchait le morceau : « ton père a vraiment raison, tu es vraiment une bonne à rien, incapable de penser aux choses par toi même et toujours prète à salir ta famille, à aller tout dire aux autres » ou encore, après m’être faite frappée par ce monstre, elle me fait sentir que je l’ai bien mérité. c’est sa lacheté que je découvre en ce moment, l’horreur de découvrir qu’elle assumait pas les horreurs qu’elle disait sur moi et qui pourtant étaient bien les siennes. non, ça faisait mauvais genre pour son image…et surtout face aux sourires permanents que j’affichais les plus grands possibles. je lui renvoyais qu’elle était aps une bonne mère, qu’elle m’aimait pas, et ça, ça l’obligeait à « faire la gentille » mais elle aimait pas ça et ses efforts de camouflages se révélaient. je ne pouvais pas les voir, j’en serias morte, mais aujourd’hui, je les ressens et les vois. je suis là pour aider la petite fille que j’ai été, pour lui faire ouvrir les yeux à son rythme, doucement car c’est si dur, pour que le venin inscrit en elle sorte, celui du mensonge et de la manipulation de cette mère qui m’a fait croire qu’elle m’aimait; elle le disait.
c’est avec horreur que je découvre l’indicible et surtout aujourd’hui, ce comportement que j’ai dû prendre face à la menace des coups des mots qu’elle aurait dit sur moi…et qu’elle finissait par dire, mais pas tout de suite : elle répondait d’abord à mon sourire, alors j’avais un peu de temps pour prévoir les coups et cette sensation qui est : « tu es nulle, tu fais pas partie de moi, tu n’es pas assez bien pour être ma fille » et aussi « tu vas voir ce soir quand ton père va rentrer ». ça me fait mal tout ça. Je peux pas être moi même non plus aujourd’hui dans les relations avec les autres, je crois toujours que si je leur souris pas quand je les vois et ensuite dans l’échange, qu’ils vont croire que je les aime pas. ah oui, y a ça aussi. je le comprends en l’écrivant. ce chantage émotionnel qui est : « tu m’aimes pas, tu penses qu’à toi », cette lourde culpabilité de ne pas savoir voir les autres mais que moi même.
pis j’ai peur de la sanction : si je ne leur sourit pas, ils vont me le faire payer , qui à mon avis est liée avec la petite fille que j’étais qui se dit : « tant que je souris, ça retarde l’échéance, ça peut m’éviter bien des dégâts ». pauvre petite, c’était un leurre tout ça. un monde d’illusions, de mensonges que tu as dû t’infliger à toi même en plus de tous les leurs pour te sauver, en tout cas, avoir l’impression de te sauver. Maryse, au fond, ça n’a rien changé, pas vrai? Merci de me lire Brigitte, Alice Miller si vous me lisez, car tout ça peut sortir aujourd’hui parce que vous êtes là et que j’ai le droit, enfin, de dire la vérité, de laisser parler la petite fille que j’étais.
je réalise en écrivant et en laissant monter mes émotions de peine, de trahison, que mes sourires n’on rien changé à tout ça, juste à me tromper moi même. Je suis désolée pour la petite fille que j’ai été, tellement désolée. ça va aller, car je suis là et qu’on va tout démanteler ensemble, comme deux personnes qui réunissent leur courage ou comme l’adulte que je suis aujourd’hui qui peut apporter à cette petite fille ce qui lui a manqué et son courage pour l’écouter et l’aider à se relever.
Merci beaucoup Brigitte pour être là et me lire, merci beaucoup Alice MILLER pour votre courage et celui de ma psy qui m’aide à laisser ouvrir le mien, je dis ouvrir le mien car c’est l’ouverture sur le passé qui commence aujourd’hui, sur ma réalité.
Je vous embrasse fort.
C’est toujours dur pour moi de laisser écrire tout ce que je ressens et pense, car bien sûr, rôde encore et toujours la mère qui dit : « tu penses qu’à toi, tu sais même pas penser aux autres » et qui du coup, me rejette. ce rejet de ne pas être de cette maison et de devoir trouver un refuge, une maison ailleurs…quand on est un enfant, c’est impossible. Aujourd’hui j’ai trouvé un refuge, une maison, finalement c’est moi adulte, je suis là. Vos écrits et vos ressentis m’aident toujours.
ce que je suis la gênait, ma mère. ce que je suis aujourd’hui n’a plus de raison de me gêner car c’est moi sui suis là pour moi. C’est ma maison que je construis.
Merci pour toute votre aide et votre présence.
Réponse de Brigitte:
Vous êtes de plus en plus claire avec vous-même et ça se ressent beaucoup dans cette lettre, bravo pour votre volonté à vouloir sortir de cette tromperie dans laquelle vous avez grandi. Votre discernement se fait grand et vous comprenez très bien comment vous avez adopté vos attitudes d’aujourd’hui. Ce qui continuera à vous aider c’est votre capacité à voir quand votre mère vient encore vous persécuter par ses mots « tu n’es qu’une égoïste » pour vous empêcher de dire ou d’écrire toute la vérité comme elle l’a toujours fait. Ainsi, on peut facilement tomber dans le piège de la culpabilité comme nous le faisions enfant, mais vous, vous ne vous laissez plus dicter votre conduite et je vous félicite pour ce beau travail. BO