Ne pas reproduire la maltraitance

Ne pas reproduire la maltraitance
Wednesday 23 November 2005

Chère Alice,

Mon cas constitue presque un cas d’école tant il est le reflet de ce que
vous avez mis en lumière dans vos recherche . D’autre part j’espère que
cette lettre pourra être une aide pour ceux qui ne sont pas encore parvenu à
voir clair en eux.

J’ai grandi dans les années 60 dans une famille pauvre mon père travaillait
dans les mines de charbon. Ma mère elle avait été abandonnée par sa mère et
placée dans un orphelinat catholique dans le fond de la Sardaigne, elle n’a
évoqué que très rarement son enfance j’ai aujourd’hui 42 ans et je n’en
connaît que des bribes mais combien significatives, elle fut une femme d’une
intelligence certaine, elle n’avait pas accès à l’école mais était avide de
connaissance et lisait tout ce qui tombait à sa portée, bien qu’elle devait
se cacher pour lire, la recherche de la connaissance, la danse et bien de
choses étaient interdite et sévèrement punies.

Mon frère est né d’abord, il était désiré aimé le lait maternel était pour
lui abondant. Pour ma venue il en fut tout autre, La découverte de sa
grossesse fut un choc et correspondait avec la terrible nouvelle de
l’arrivée de la mère de mon père qui venait vivre dans la famille.

Non seulement elle refusa d’accepter cette grossesse durant cinq mois mais
sombra dans une dépression suite à la nouvelle de la venue de sa belle mère
, une femme intrigante mauvaise et manipulatrice, ma grand-mère.

L’éducation que nous avons reçue mon frère et moi était très répandue dans
tous les foyer de l’époque, il suffisait à ma mère d’un regard pour nous
faire tenir tranquille si on nous présentais un biscuit nous devions
attendre un signe de sa tète avant d’accepter. Elle n’a du nous frapper que
très petits pour obtenir ce type d’obéissance. Mon père lui n’est intervenu
que quand nous sommes devenu pré-adolescent. Là il ne s’agissait plus de
gifle ou de fessée mais de coup de ceinture, je criais avant que ne tombent
les coups ce qui les freinaient et je m’en tirais souvent à bon compte mon
frère lui n’émettait pas un son ce qui mettait mon père dans une rage folle,
il frappait jusqu’à complet épuisement de ses forces, devant ma mère et moi.
Dans ces moment j’étais paralysé de terreur, impuissant et ma mère
cautionnait cette attitude.

A 16 ans mon frère à fugué et s’est débrouillé seul, ma mère m’avait déjà
dit à plusieurs reprises qu’elle ne me voulait pas quand elle était enceinte
de moi, je recevais ses paroles comme un coup de poignard en plein cœur
j’avais environ 15 ans.

Je n’avais jamais remarqué pour ma part qu’elle faisait une différence entre
mon frère et moi car elle criait toujours bien haut qu’elle faisait pareil
pour les deux c’était vrai pour le matériel mais pas pour l’affectif, les
étranger à la famille me le firent remarqué mais je n’en croyais rien.

Nos parents voulaient un contrôle total sur nos vie et il a fallu me battre
pour obtenir la liberté de sortir me battre physiquement avec mon père, il
nous fermait l’accès à la maison et devions dormir dehors quand nous
dépassions 11h du soir et nous étions obligé de nous abrité dans une remise
glaciale jusqu’au matin.

Mes premières sortie furent dramatique et je n’avait aucune mesure dans la
boisson si je buvais c’était jusqu’au coma éthylique.
A l’age de cinq ans ma mère décida de nous envoyer en colonie de vacances à
trois milles km de chez nous j’étais terroriser je ne voulais pas, elle à
tout fait et est parvenue à ses fins.

J’en fus profondément traumatisé je pleurais tous les jours du matin au soir
j’ en fus gravement marqué, des années plus tard je compris qu’elle
reproduisait de cette façon l’abandon dont elle avait été elle même victime
dans son enfance.

Jeune adulte je fis connaissance avec les drogues notamment l’héroïne dont
je devins totalement dépendant , mon frère lui qui avait été désiré et
accueilli à la naissance avec amour s’y essaya mais ne devint pas dépendant.

Dans chacune de mes relations futures avec des amis ou amies je recherchais
un amour idéalisé, j’exigeais un amour à toute épreuves d’une loyauté
parfaite, desquels je finissais toujours par être déçu je traînais en moi un
vide immense que rien ne semblait pouvoir combler.

La drogue finis par faire de moi un Junkie et je me sentais plus coupable
encore d’être le responsable de la souffrance de ma famille, tous mes
compagnon d’infortune son mort aujourd’hui par suicide ou overdose.

Avec la force du désespoir je mis un terme à cette dépendance je détestais
les psychanalystes les thérapeutes ,j’étais convaincu qu’il ne pourrait
rien m’apporter.

Pendant plus de 10 ans je restais abstinent mais cette douleur ce vide
immense ne disparu pas pour autant, la spiritualité fut la drogue suivante,
mais la douleur atteignait un point tel que je crus devenir fou elle se
traduisait par une gène qui se manifestait au niveau du plexus mais n’étais
pas physique, elle augmentait et au fur et à mesure qu’elle augmentait elle
amenait avec elle un profond désespoir, des idées de suicide que je ne
savais absolument pas à quoi rattacher.

Devenu adulte je reproduisis un comportement éducatif violent avec mon chien
du même type que celui que j’avais subi enfant, mon désespoir cependant ne
trouvait pas d’issue positive je n’étais pas heureux ce vide immense faisait
partie de ma vie et je ne parvenais jamais à me sentir aimé.

Je décidai d’entrer en thérapie en orientant moi même la thérapie dés l’aube
de mon enfance, dans la mesure ou mes souvenirs le permettaient, lentement
mais indéniablement les liens commencèrent à faire surface entre les abus
que j’avais subi dans mon enfance et mes problèmes d’adultes drogue,
angoisses, dépression, désir de mort, rien n’était arrivé par hasard , cette
prise de conscience se fit avec la force d’un coup de poing, je n’avais pas
été aimé je ne pouvais plus appeler cela de l’amour.

Je fis la connaissance alors d’un de vos livre «l’ avenir du drame de
l’enfant doué » ce livre fit sur moi l’effet d’une bombe et me mit en
contact direct avec l’enfant terriblement abusés que je fus , terrorisé
devant le spectacle de mon frère battu à coup de ceinture , rempli de
terreur paralysé impuissant notre éducation et celle de la majorité des
enfants de mon époque était celle là , violence, abus, mensonge, dans de
nombreuses maisons ce qu’on appelait alors un martinet pendait au mur des
cuisines, il était constitué d’un manche court et de plusieurs longue
lanière de cuir destiné a frapper les enfants.

Comme tous les autres je m’étais menti à moi même en ayant été persuadé
d’avoir eu des parents aimants , mais j’avais percé à jour ce mensonge tous
les schémas incrustés dans mon esprit s’effondrèrent les uns après les
autres, les angoisses se mirent à disparaître et beaucoup de peurs et de
souffrances aussi.

La naissance de ma petite fille me parut une chose merveilleuse et jamais
jusqu’à ce jour je ne l’ai frappée tous ces vieux schémas mentaux qui me
disaient que l’éducation que j’avais reçues était juste et bonne s’était
effondré dés lors que je reconnus mes parents pour ce qu’ils avaient été,
leurs actes m’apparaissant comme tellement odieux , ce qui ne m’empêcha pas
de comprendre comment mes parent en était arrivé là avec nous vu ce qu’ils
avaient eux même subi, il s’agissait d’une chaîne de la violence qu’il était
urgent de briser, quand ma mère réalisa que l’éducation que je donnai à ma
fille était faite de non violence et que je la considérai comme un être
humain à part entière, sa première réaction fut de se sentir blessée
humiliée elle me reprochait cette attitude car cela la renvoyait à elle même
et à la violence qu’elle avait employé sur nous.

Mon frère lui ne s’est jamais drogué et ne remet nullement en question
l’éducation qu’il a reçu il n’est pas dépressif non plus, et malgré qu’il
soit un intellectuel il n’a aucune patience avec ses enfants pour lesquels
il a très peu de tendresse, punissant à tort et à travers entrant dans des
crises de violences ou les coups pleuvent, violence qu’il ne parvient pas
à maîtriser, en bref il reproduit ce qu’il a subit.

J’ai tenté vainement de l’aider de lui ouvrir les yeux mais lui et son
épouse sont certain qu’on à rien à leurs apprendre, alors j’aide leurs
enfants qui se tourne sans cesse vers moi en venant incessamment s’indigner
de ce qu’ils traversent avec leur famille à l’insu de leurs parents.

Ma petite fille m’adore jamais elle ne dit du mal de moi à personne, mes
petit neveux eux sont pétri de haine de colère d’indignation envers leurs
parents, ce qu’ils me disent quelques fois me laisse stupéfait tant ils en
arrivent à détestés leurs propres parents comme mon frère et moi petits
avons détestés les notres, mais mon frères à très peur de ce sujet très peur
de raviver sa propre souffrance d’enfant .

Merci pour l ‘honnêteté de vos recherches de vos propos, ce que vous avez
percé à jour est une clé permettant de désamorcer la chaîne sans fin de la
violence .

Bien sincèrement F.P

A.M.: Je vous remercie de votre lettre si tragique qui va sans doute aider les autres victimes de comprendre les connections que vous montrez si clairement. Avez-vous lu mon dernier livre “Notre corps ne ment jamais”? On dirait que oui, après avoir lu votre lettre.

Réponse de Brigitte:

En lisant le témoignage de votre enfance dramatique qui à été suivie d’une période adulte tragique je suis véritablement émue par le courage dont vous avez fait preuve pour rompre le silence de la maltraitance que vous avez subie.

Votre parcours est tellement éloquent et en même temps semblable à de nombreuses personnes qui essaient de trouver refuge dans la spiritualité pour rendre plus acceptable leur souffrance en leur donnant une autre couleur, la couleur de l’acceptation, la compassion pour l’autre et le pardon. Beaucoup luttent contre eux mêmes quand ils échouent en s’accusant encore de ne pas être assez humble et bon, et se remettent encore dans la position de l’enfant qui se sent coupable de ne pas être une meilleure personne pour son parent .

Votre corps est votre plus grand allier et vous avez eu cette force de l’écouter jusqu’au bout dans un face à face douloureux avec la vérité de votre enfance, sans l’idéaliser et sans la banaliser en la prenant au sérieux pour ne pas sombrer dans les ténèbres du désespoir.

C’est seulement à ce prix que l’on peut récolter cette merveilleuse récompense dont vous bénéficiez, une belle relation avec votre petite fille sans vous battre avec vos anciens démons et sans la polluer de toutes les souffrances que vous aviez accumulées, vous avez gagné en même temps votre discernement et votre lucidité pour vous permettre de la protéger.

La patience n’est pas réservée aux intellectuels, elle est offerte à ceux comme vous qui ont osé ouvrir le livre de leur histoire et qui ont remis en ordre toute la confusion sur laquelle ils s’étaient construits. Bonne continuation dans la voie de la liberté.

Brigitte