Vivre pour savoir

Vivre pour savoir
Wednesday 19 March 2008

Chère Alice Miller

Je suis une survivante ! De la transmission par l’éducation d’une souffrance passive, destructrice.

Un cas de mort subite “récupérée”. C’était en 1999 à 54 ans : trauma cardiaque suivi de 35 jours de coma. J’ai mis toutes ces années à chercher à comprendre ce que voulait dire “obésité morbide” une mention portée sur le dépliant que m’avait remis le chirurgien ayant implanté l’anneau gastrique. Il ne m’avait rien dit de cet aspect ! En relisant mon dossier médical, début 2000, j’ai retrouvé la brochure expliquant ce qu’était le geste opératoire et je me suis demandé pourquoi “obésité morbide” ?

De toute la lecture que j’ai pu exploiter d’après vos informations tellement édifiantes, je peux faire le lien entre mon passé de dépression chronique et tout ce que j’ai fait subir à mon pauvre corps. Je me sentais bien qu’avec le sentiment d’aller me faire opérer quelque chose ! Peut-être pensais-je que je pouvais y rester et c’était mon désir inconscient d’en finir, avec cette forme de vie mortifère que je rejetais. Ma crise cardiaque en fait est un suicide inconscient je viens de le comprendre avec certitude. Je ne voulais pas vivre car je ne voulais plus assumer la responsabilité de perpétuer cette incohérence de la violence instillée dans la société. Je voulais être heureuse et je n’y arrivais pas, qu’à lutter mais contre quoi ?

J’ai identifié dans mon enfance le début de cette perversion de l’adulte sur l’enfant, tous les plus premiers souvenirs sont revenus !

Le jour de l’enterrement de ma mère je n’ai pu verser une seule larme. Et je l’ai laissée seule la nuit de sa mort, j’ai dû lutter contre cette nouvelle forme de culpabilité que même morte, ma mère continuait à faire régner sur moi. Je m’en suis sortie en m’aidant à comprendre ce que je peux vous dire aujourd’hui !

Mon plus grand souhait est de vous apporter mon témoignage, ce serait mon soutien, car ce travail formidable que vous avez fait, cette façon individualiste d’agir sur le collectif est une richesse dont j’ai pu bénéficier au cours de mes investigations sur moi-même et ce sont des faits, une science exacte. La société (une partie) ne peut pas continuer à rester dans le déni de vos observations et c’est là que je souhaite que toute “notre” histoire de soumission à une autorité occulte soit définitivement reconnue. Les droits de l’enfant tout comme les droits de l’Homme ne font que montrer un laxisme qu’il faut interrompre !

En espérant que vous m’accorderez cette visite, je vous dis merci du fond du coeur.

Très cordialement

Réponse de Brigitte:

C’est courageux d’avoir identifié les racines de votre malaise et de vos douleurs morbides. En effet, votre témoignage est un exemple même de tout ce qu’Alice Miller nous dit depuis de nombreuses années et que personne ne veut prendre en compte. Heureusement que vous avez trouvé la force de regarder la réalité de votre mère qui a dû exploiter votre âme de façon assassine pour vouloir vous plonger dans des situations de mort ensuite. Merci d’avoir partagé avec nous votre tragique parcours et votre force de vie aussi. BO