Je n’arrive pas à être vraiment heureuse
Tuesday 22 April 2008
Bonjour,
je viens de terminer votre dernier livre et le journal d’une maman que vous publiez à la fin m’a beaucoup touché.
J’ai 35 ans, 2 petits garçons et un mari adorables.
J’ai également un problème avec ma maman.
Ou elle avec moi, et j’en fais les frais. Sans doute.
Je n’ai pas subi de violence physique majeure, mais je subis encore maintenant une violence psychologique constante et souterraine.
Je ne suis pas autorisée à être moi, à penser ce que je pense et à être comme je suis.
Nous vivons maintenant à 500 km de distance, et c’est une belle excuse, car la géographie ne dilue pas cette emprise.
Depuis que je suis maman à mon tour je me rends compte de ce que j’ai manqué, et je lui en veux.
A part le fait qu’elle ne manifeste aucun attachement au sens plus beau de la vie à mes enfants, elle a envers moi une indifférence qui me blesse: une supériorité, un catalogue
de critiques déjà prêt, mais surtout une grande absence. Absence d’attention, de considération, de soutient, de complicité, d’amour à la fin, ou d’une certaine forme d’amour que je n’ai d’ailleurs jamais eu: c’est peut-être pour cela que je la détecte trop bien.
A chaque visite (3 par année) c’est l’enfer: elle part, fout le camp, s’isole, s’invente des occupations dites urgentes, la cuisine est déserte, faut aller au restaurant même pour le petit déjeuner.
Je suis au stade ou pour me préserver je me suis détachée de ce schéma. le problème est que je n’ai rien trouvé pour le remplacer, et que à cette place il y a maintenant un grand vide.
Je me sens mieux dans ce vide, qui à l’honneur d’être honnête, vrai et sincère, que dans la situation que j’acceptais avant.
Néanmoins j’aimerais passer à l’étape suivante: je m’imagine vivre mieux, plus légère, plus libre, mais au fond de moi je n’y arrive pas.
Cette situation m’occupe pas mal de place dans mon cerveau, j’y pense tellement souvent dans la même journée.
Je tourne en rond.
J’ai réussi à comprendre ce qui me faisait souffrir, je l’ai isolé et je l’ai effacé de mon quotidien: plus de visites, plus envie d’appeler, plus envie d’y penser.
J’ai l’impression que le plus dur est fait, car tout cela m’a quand-même demandé beaucoup de lucidité, de vérité(s) et de temps. Entre temps mon corps a aussi
eu son mot à dire, car en 1 décennie j’ai perdu la vision de mon œil gauche (uvéite de fuchs avec rejet de l’implant et cataractes à répétition) et ma vésicule biliaire qui ressemblait à une gravière. J’ai l’impression de perdre des pièces, et je veux arrêter cela.
Merci, votre opinion pourrait nourrir mes recherches et mes efforts, que j’espère dans le bon sens. Et que je sens au fond de moi justifiées.
Réponse de Brigitte:
Malgré la réalité évidente de la cruauté de votre mère on sent bien que vous en êtes encore dépendante affectivement pour lui rendre des visites vides de tout sens et d’arrogances. Vous êtes restée dans l’attente de la petite fille que sa maman va un jour la voir et l’aimer, c’est pourquoi vous pouvez encore supporter son mépris sans rien dire au cas où ce jour viendrait. MAIS ELLE NE CHANGERA PAS et ça, c’est encore douloureux pour vous de l’admettre vous la voyez comme « ma maman » celle qu’elle n’a jamais été.
Vous trouverez sans doute ce mieux vivre, cette légèreté, cette liberté, auxquels vous aspirez tant, quand vous réaliserez que vous n’avez RIEN A PERDRE si vous vous permettez d’être vous-même, puisque de toute façon elle ne vous a jamais RIEN DONNE et c’est ainsi que vous ne vous imposerez plus de vivre sa supériorité et son catalogue de reproches. Bonne continuation à vous. BO