Découvrir son passé à la naissance d’un bébé
Tuesday 30 January 2007
Bonjour,
je suis en train de commencer à lire Libres de Savoir, et j’ai eu du mal à arrêter tellement tout cela me parle. J’avais déjà pleuré à la lecture de Chemins de vie.
Voilà, après une “enfance heureuse”, une adolescence tourmentée puis des études et un premier travail, toujours pleine d’insouciance, j’ai commencé à me poser des questions et cela n’est pas fini.
Au lycée, mon ami me posait des questions auxquelles je ne savais répondre, il m’aimait, moi non et ne pouvait lui dire pourquoi. En 1999, j’étais en Allemagne, on s’est mis ensemble. Ce ne fût pas toujours facile et en 2000, je l’ai rejoint en France, quittant mon travail et commençant une remise en question. J’ai appris à connaître son univers, non sans mal parfois : je suis passé d’un monde purement matérialiste à plus de sensiblité, des rencontres riches, une nouvelle orientation.
Depuis, il s’est passé beaucoup de choses, j’ai cherché ma voie professionnellement et personnellement. Je me suis faite aider par une kinésiologue, j’ai avancé. J’ai appris beaucoup de choses, obtenu des réponses et de pistes… J’ai espéré guérir de mes blessures intérieures.
En 2002, je suis tombée enceinte, c’était trop tôt pour nous, j’ai avorté. J’ai cherché à avancer encore et encore, et puis je me suis dit qu’il ne fallait pas attendre la perfection avant de bouger. L’année dernière, on a décidé de faire un enfant. Mon horizon s’est ouvert, j’ai fait des tas de projets. Aujourd’hui je suis dans le 8ème mois de grossesse, et je me demande comment agir…
Récemment il nous est encore arrivé de nous disputer. J’ai eu l’impression de ne pas être entendue, et il ne supporte pas que je pleure ainsi à chaque fois. Pourtant je sens bien que ma détresse est profonde. On a déjà beaucoup parlé tous les deux, et je connais certaines causes de mon mal-être, mais peut-être n’ai-je simplement pas encore rencontré ce “témoin éclairé”…
Pendant ces années de réflexion, je me suis rendue compte que mon “enfance heureuse” était entâchée d’un certain nombre de baffes, que j’étais devenue insolente, tétue, capricieuse, en même temps que petite fille modèle qui réussi bien. Je suis devenue ce qu’on a voulu pour moi (sans le dire), et depuis que j’ai quitté ce chemin tout tracé, c’est difficile et douloureux et je n’en vois pas la fin. Et je me pose énormément de question pour notre enfant. Je lis des livres sur la non-violence pour trouver des solutions, mais cela suffira-t-il ?
J’ai toujours l’impression qu’il ne m’est pas arrivé grand chose de grave dans ma vie, je n’ai pas de gros traumatismes d’ailleurs, si ce n’est que je ne sens que rarement heureuse, ai tout un tas de petits problèmes (eczéma), et surtout je ne vis pas pleinement ma vie et j’ai du mal à faire avancer mes projets. J’avance certes, doucement, mais j’ai tout de même un peu peur pour notre couple, notre enfant.
Je lis votre livre, vous voit parler de psychothérapie (métier plus ou moins reconnu ??) et me demande quoi faire… J’ai cru pouvoir avancer grâce à des rencontres, à me remettre dans la vie (j’ai eu une période un peu en marge quand même). Mais voilà, qu’en pensez-vous ?? Comment pourrai-je guérir mes blessures connues et inconnues ?
Peut-être aurai-je la réponse avant la fin de ma lecture..? (mais on est rarement guéri par la lecture) En tout cas, je vous remercie déjà de votre attention et attends votre réponse.
Coralie
Nota : en 1998, mes parents se sont séparés, je partais en Allemagne (pour 2 ans), le divorce vient d’être prononcé, ils ne se parlent toujours pas. Je suis la seule de la famille qui ai toujours gardé contact avec mon père. Ce fût d’abord très violent, en mots, puis avec l’aide de la kinésiologue, j’ai amorcé une réconciliation. Bien sûr il n’a jamais voulu admettre que les baffes sont nocives, lui-même en a bien sûr reçu plus que moi !!
Réponse de Brigitte:
Votre lettre pourrait être écrite par des milliers de personnes qui vivent une situation très semblable à la votre: “enfance heureuse et la sensation d’une non vie à l’âge adulte, jusqu’à faire un enfant avec une personne que l’on aime pas sans savoir pourquoi”.
Pour “guérir” de vos blessures, il faut déjà savoir et sentir que vous êtes blessée et visiblement ça n’a pas l’air d’être encore le cas, si ce n’est que vous vous sentez que rarement heureuse sans en identifier la cause.
Les méthodes thérapeutiques que vous utilisez vous proposent de vous réconcilier avec un homme violent qui n’éprouve aucun regret de vous avoir battu, comment est-ce possible ????? C’est sadique de proposer ça!!! Cette direction ne peut que vous maintenir dans la dépression parce que vous ne pouvez que vous éloigner de la réalité de votre histoire et en perdre totalement l’accès. Vous allez encore vous retrouver dans la situation de la “gentille” petite Coralie qui est devenue ce qu’on a voulu d’elle.
Dans votre état de grossesse vous avez la chance de retrouver la mémoire de votre toute petite enfance, depuis même les premiers jours de votre vie si vous osez être à l’écoute de ce que votre corps vous raconte. En étant attentive à ce que vous ressentez en accouchant, en accueillant ce petit être, peut être l’impatience, l’agacement, l’énervement de l’entendre pleurer, l’envie de l’isoler pour ne pas qu’il vous dérange, le dégoût de l’allaiter, de changer ses couches…… Toutes ses sensations pourront vous donner des indications précieuses sur la façon dont on a agit avec vous au même âge.
Aucune enfance réellement heureuse ne donne cet état de profonde détresse dans laquelle vous êtes et c’est seulement en faisant confiance à ce que votre corps vous raconte, que vous lèverez le voile sur l’illusion de votre enfance “heureuse”. BO