Comprendre l’enfance de nos parents

Comprendre l’enfance de nos parents
Friday 06 January 2006

Bonjour,
Je viens de prendre connaissance de votre site et mon expérience de vie
m’a convaincu dans le sens que vous exposez.
Ayant été une enfant humiliée, rabaissée et mise à part j’ai longtemps
recherché les raisons du comportement de ma famille maternelle a mon
égard.Comme vous le dites, lorsque l’on voit ses parents tel qu’ils sont
on ne peut plus être un danger potentiel pour ses enfants. Par ailleurs,
j’ai découvert que si ma famille maternelle agissait ainsi avec moi
c’était,( pour moi une évidence aujourd’hui), à cause de plusieurs
secrets de famille graves. Le décés d’un enfant illégitime, d’une
maladie grave à l’âge de six mois pour ma grand-mère (toujours secret
aujourd’hui, je l’ai appris par une cousine de ma grand-mère qui n’a
plus de contact avec cette partie de la famille) et bien avant que ma
grand-mère rencontre mon grand-père. Le pire pour moi concerne le secret
sur mon père. J’ai néanmoins fini par obtenir son identité et je me suis
souvenu de propos qui avait été tenu sur lui quand j’étais enfant (Il a
faillit me voir mais ma mère prévenu avant par une collègue a pu me
cacher! extrait des propos de ma mère) et les explications sur son
absence sont plus qu’évasives ( “il n’avait pas la tête sur les
épaules”, propos de ma mère toujours). Aujourd’hui, je sais que j’ai été
élevé par ma grand-mère car à l’âge de six mois j’ai failli mourrir de
la même maladie que son premier enfant illégitime et en plus au même âge!
Mais la raison qui me fait vous écrire aujourd’hui concerne le
positionnement que je peux adopter face à ma famille maternelle à
laquelle je reste d’une certaine façon lieé par une tante (soeur de ma
mère) avec qui j’ai été élevé et dont je suis proche.Cette proximité m’a
fait prendre part au passage de mes grand-parents en maison de retraite
puis dernièrement aux préparatifs des funérails de mon grand-père alors
que je ne me sentais pas du tout à ma place!
D’autre part, je ne sais toujours pas comment me positionner vis à vis
de ce père qui ne m’a pas élevé et dont je suis incapable, étant donné
peut-être le peu d’informations que j’ai sur lui, de juger. Il est
décédé depuis longtemps et seul ma mère pourrait aujourd’hui m’en parler
mais elle en est incapable et de ce fait je ne lui adresse plus la
parole. Il était marié et de ce fait, il ne pouvait me reconnaître mais
je pense quand même que s’il avait réellement souhaité ma protection il
aurait trouvé une solution pour me reconnaître…
Je sais que le sujet que je viens d’aborder ne concerne pas les
maltraitances physiques mais je reste persuadé que les aspects moraux
négligés sont aussi destructeurs, comme la place symbolique d’un enfant
pris pour un autre.
Bien à vous et en espérant que les mentalités évoluent dans le sens
d’une plus grande compréhension des besoins fondamentaux de l’enfant et
plus généralement de l’être humain.
F B

Réponse de Brigitte.

Dans votre témoignage, je peux constater le chemin que vous avez déjà parcouru
en découvrant les secrets de famille que votre mère a utilisés pour ne pas être dans un véritable lien affectif avec vous. Néanmoins quelque soient les raisons pour lesquelles elle a voulu maintenir ce silence, cela ne lui donnait pas plus le droit de vous humilier, rabaisser et mise à part comme elle l’a fait.
Les parents trouvent toujours “une bonne raison” pour maltraiter leur enfant, et ces derniers doivent toujours comprendre les “bonnes raisons” de leurs parents, c’est d’ailleurs leur seule manière pour rester en vie. De cette façon, c’est l’enfant qui est toujours coupable parce qu’il aurait dû voir que maman était préoccupée ou pas disponible et qu’il n’aurait donc pas dû “être demandeur”.
C’est incroyable comme un enfant a la capacité de prendre en charge toute la responsabilité du comportement destructeur de son parent, alors que l’adulte, lui, se décharge allègrement et en toute bonne conscience de ses “états d’âme” sur sa progéniture en ignorant totalement les conséquences que cela peut occasionner.
Vous avez payé probablement le prix cher de la “prise en charge”, l’enfant ne peut se préoccuper de comment se positionner devant un papa absent, il souffre incontestablement de cet abandon et là encore quelle qu’en soit la raison. Il ne peut que sentir le désarroi contrairement à l’adulte que vous êtes, et lui ne peut retenir sa rage et pourquoi pas en jugeant.
Alice Miller ne parle pas nécessairement de maltraitances physiques, elle utilise ce mot pour toutes sortes de comportement ayant un effet nocif sur l’enfant, c’est pourquoi vous avez entièrement raison de dire que “les aspects moraux négligés sont aussi destructeurs”.
Bonne continuation vers la vérité.
Brigitte