Diaologue avec l’enfant

Diaologue avec l’enfant
Tuesday 27 May 2008

Bonjour et merci pour cet “espace”,

Avec mon mari nous avons adopté en Colombie il y a 2 ans, trois petites soeurs qui ont aujourd’hui respectivement 11 1/2 ans, 9 ans 1/2 & 7 ans fin juin.
Mes filles ont subi de la maltraitance depuis leur naissance jusqu’à leur abandon ( l’ainée avait 6 ans 1/2, la seconde 4 ans 1/2 et la dernière 2 ans ) puis de nouveau dans 2 familles d’accueil.
Votre théorie encourageant le dialogue sur les sévices subis par les enfants conforte mon sentiment et ma propre expérience (j’ai eu moi-même une enfance cabossée et je pratique “l’autoguérison” depuis que je suis enfant et n’hésite pas non plus à me faire aider par des thérapeute.
Nos filles parlent de temps en temps de ce qu’elles ont subi, la grande est plus dans le déni mais petit à petit elle se libère nous lui avons dit que nous préférions qu’elle nous dise qu’elle n’avait pas envie d’en parler plutôt que de se mentier à elle-même et à ses soeurs, la seconde explose de tous les côtés et libère sa rage parfois de façon violente ou peu conformiste…quand à la troisième sa mémoire la ( l’a ) trahie et j’ai l’impression qu’elle a enfui cette terreur au fond d’elle.
Par contre le sujet de l’abandon proprement dit est très très peu abordé et je ne sais pas comment ouvrir le dialogue avec elles sans les blesser encore plus profondement.
Merci pour vos conseils,
cordialement

Réponse de Brigitte:

Plutôt que de lui dire que vous préférez qu’elle vous dise qu’elle n’ait pas envie d’en parler pour éviter qu’elle se mente à elle même, vous pouvez lui dire:
“Je vois bien que ce passé te tourmente et c’est normal parce que tu as subi des traitements horribles et douloureux. C’est en gardant tout cela enfoui au fond de toi que tu te sentiras toujours plus mal, parce que la peur d’avoir été ainsi traitée reste dans ton corps et t’empêche de vivre librement aujourd’hui. N’importe quelle personne sans défense serait terrorisée d’avoir vécu ce que tu as vécu et en osant en parler, tu pourras sentir à nouveau la peur, la tristesse et la colère pour toutes les souffrances que l’on t’a fait endurer. Ces émotions ne peuvent pas te détruire, elles sont tout à fait normales et en les libérant de ton corps elles te donneront la force de continuer à vivre en toute sécurité parce que tu sauras toujours où tu es vraiment. C’est en gardant tout pour soi que l’on se perd. Tu peux compter sur moi pour écouter tout ce que tu auras envie de me confier.” BO